• publié le 1 mars 2020
Vingt-cinq ans au service des enfants

Cette année 2020 sera notamment l’occasion de célébrer le quart de siècle qui s’est écoulé depuis la relance des accueils de loisirs éducatifs chrétiens dans le diocèse de Paris,.

Un anniversaire n’est pas une finalité en soi, même s’il est stimulant d’en saisir l’opportunité pour évaluer et célébrer les acquis, considérables, déjà atteints. Surtout, celui-ci offre l’occasion, toujours nécessaire, de s’arrêter à nouveau sur ce qui fonde l’action conduite et les moyens, le cas échéant ajustés aux évolutions de notre environnement, d’en poursuivre le déploiement. C’est ce chemin d’exigence et de partage qui a permis de progresser sans cesse au service des enfants qui nous sont confiés.

Il y a vingt-cinq ans, l’impulsion est donnée à partir d’une puissante intuition : « revenir vers la jeunesse et les enjeux éducatifs », dopée notamment par une considération « très utilitaire » selon les termes mêmes de son promoteur, le Cardinal Lustiger [1] : accueillir le mercredi les enfants dont les parents, travaillant tous les deux, se trouvaient dans l’impossibilité de les conduire au catéchisme pour seulement une heure ou deux.

Dix ans plus tard, enrichi par le succès auprès des familles du mouvement ainsi lancé, l’enjeu éducatif prenait de l’ampleur : face à une « mécanique en morceaux » selon laquelle « l’éducation est une chose, l’école une autre, tout comme le sport, la religion, la morale,… », Monseigneur Lustiger invitait à déployer le regard chrétien sur l’éducation : considérer l’enfant dans sa globalité, « avec une dimension spirituelle non surajoutée, mais enracinée dans le fondement même de l’existence humaine », ouvrant à chacun son « chemin de liberté ».

Et cinq ans après, le Cardinal André Vingt-Trois[2] soulignait  combien, « pour un certain nombre d’enfants, la famille ne constituait plus une référence structurante ». Il ouvrait ainsi à une « dimension non directement rattachée au catéchisme, proposée largement à tous les enfants , visant «  la promotion d’une manière de vivre en société, une certaine vision de ce que signifie être un homme et une femme au 21ème siècle. Cette ouverture à tous invitait aussi à « une solidarité économique ».

Ces enjeux ont été pris à bras le corps par nos associations. Dans la plupart des quartiers de Paris, notamment les plus défavorisés, des lieux d’accueils aux enfants et adolescents qui, dans leur légitime diversité, partagent tous une vision chrétienne de l’éducation et déploient des activités inspirées, d’abord, par des intentions éducatives propres à faire grandir chaque enfant, personne unique et à l’ouvrir aux autres[3]. Au-delà de l’engagement de nombreux bénévoles, la solidarité s’exerce de plus en plus à travers une tarification adaptée aux capacités contributives des familles de sorte que nulle part un enfant ne puisse s’inscrire pour des raisons économiques.

Comment conforter et déployer plus avant ce nécessaire service offert aux enfants et aux familles ? Comment mieux encore faire face à tout ce qui, avec une vigueur croissante, constitue aujourd’hui de nouveaux obstacles à ce « chemin de liberté » que chaque enfant doit peu à peu trouver : le temps inouï passé devant les écranspour des finalités purement « récréatives »[4], l’individualisme, le communautarisme et les violences qu’il porte en germe,… ?

Célébrer nos acquis mais surtout partager une analyse et une vision pour les dix ans qui viennent seront au cœur de la soirée que nous organiserons aux Bernardins le 24 novembre prochain, en présence de Monseigneur Aupetit.

 

[1] Intervention lors de la célébration des dix ans de la FACEL, le 24 mai 2004.

[2] Intervention lors de la cérémonie du quinzième anniversaire de la création de la FACEL, le 19 mai 2009.

[3] Les quatre intentions éducatives proposées par la FACEL : 1) accueillir son histoire et celle de son environnement ; 2) se connaître et s’ajuster aux autres ;3) favoriser une prise de responsabilité et découvrir la joie du don ; 4) éveiller sa vie intérieure, en l’ouvrant sur le monde, ont donné lieu depuis quelques mois à un guide d’activités qui compte déjà plus de 160 fiches descriptives accessibles selon l’âge de l’enfant à partir de la ou des intentions éducative(s) choisie(s).

[4] Un enfant de 8 à 12 ans passerait en moyenne 4h40 chaque jour devant des écrans pour une offre essentiellement récréative ; ce chiffre passe à 6h40 , dont les 2/3 pour des finalités récréatives, chez les adolescents de  13 à 18 ans. Source :Michel Desmurget, docteur en neurosciences, directeur de recherches à l’INSERM in  La Fabrique du crétin numérique – , ouvrage compilant un ensemble d’études scientifiques internationales sur les effets des écrans sur le développement et la santé des enfants.